69

 

Sandecker était assis dans le bureau d’Emmett au siège du F.B.I., mâchouillant pensivement son cigare tandis que Brogan tripotait une tasse à demi pleine d’un café depuis longtemps refroidi.

Le général Metcalf entra et s’installa.

« Vous en faites une tête d’enterrement, fit-il avec une gaieté forcée.

— C’est bien à un enterrement que nous sommes en train d’assister, répliqua le directeur de la C.I.A. Dès que le Sénat aura rendu son verdict, il ne nous restera plus qu’à veiller le corps.

— Je reviens justement du Sénat, reprit le général. Oates tente de rameuter les sénateurs du parti du Président pour les inciter à tenir bon.

— Quelles sont ses chances ? demanda l’amiral.

— Nulles. Le Sénat ne cherche qu’à respecter les formes. D’ici quatre heures, tout sera terminé.

— J’ai entendu dire que Moran avait déjà convoqué le président de la Cour suprême pour qu’il lui fasse prêter serment, déclara Brogan avec une moue de mépris.

— Ce salaud ne perd pas une seconde, murmura Emmett.

— Des nouvelles de Louisiane ? s’inquiéta Metcalf.

— Rien depuis une heure, répondit le directeur du F.B.I. Le dernier rapport de mon agent annonçait la découverte d’une barge suspecte.

— A-t-on des raisons sérieuses de penser que Margolin puisse être détenu quelque part dans le delta ?

- Il s’agit surtout d’une intuition de la part de mon directeur des projets spéciaux », expliqua Sandecker.

Le général se tourna vers Emmett :

« Que faites-vous pour les Bougainville ?

— J’ai mis près de cinquante hommes sur l’affaire.

— Vous ne pouvez pas les arrêter ?

— Ce serait une pure perte de temps. Min Koryo et Lee Tong seraient remis en liberté dans la demi-heure qui suit.

— Il doit pourtant y avoir des preuves.

— Rien qui permette à l’Attorney général de les inculper. La plupart de leurs opérations illégales ont lieu en dehors de nos frontières, principalement dans ceux des pays du tiers monde qui ne nourrissent pas de sentiments particulièrement amicaux à l’égard des Etats-Unis… »

Le téléphone sonna.

Emmett décrocha.

« Agent Goodman à l’appareil, monsieur.

— Oui. Qu’y a-t-il ?

— J’ai la communication avec l’agent Griffin en Louisiane.

— Ce n’est pas trop tôt ! Passez-le-moi. »

II y eut un déclic, puis Emmett entendit le bruit d’une respiration saccadée. Il brancha le haut-parleur pour diffuser la conversation dans la pièce.

« Griffin, ici Sam Emmett. Vous me recevez ?

— Oui, monsieur, très clairement. (Il semblait souffrir.) Nous avons eu des… des ennuis.

— Qu’est-il arrivé ?

— Nous avons repéré un cargo des Bougainville amarré à côté d’une barge et d’un remorqueur à une centaine de kilomètres au sud de La Nouvelle-Orléans. Nous nous approchions quand on nous a tiré dessus à l’arme lourde depuis le navire. Tout le monde a été touché. J’ai deux morts et sept blessés, moi compris. Un vrai carnage. »

Sa voix s’étrangla et il se tut quelques instants avant de reprendre d’un ton de plus en plus faible :

« Désolé de ne pas vous avoir contacté plus tôt mais notre radio a été endommagée et j’ai dû faire trois kilomètres à pied avant de trouver un téléphone. »

Emmett ne put s’empêcher d’éprouver un sentiment de compassion en imaginant cet homme blessé se traînant en plein soleil sur une telle distance.

Sandecker s’approcha du haut-parleur.

« Et Pitt et Giordino ?

— Ils surveillaient les opérations depuis un hélicoptère en compagnie d’un de mes agents. Ils ont essuyé plusieurs rafales et se sont écrasés quelque part en amont. Je doute qu’il y ait des survivants. »

Sandecker se recula. Il était blême.

Emmett se pencha sur l’appareil :

« Griffin ? »

Seul un murmure indistinct lui répondit.

« Griffin, écoutez-moi. Vous pouvez parler ?

— Oui, monsieur… je… je vais essayer.

— La barge. Où est la barge ?

— Partie… poussée par…

— Où ?

— En aval… se dirigeant vers… vers la Tête des Passes.

— La Tête des Passes ?

— L’endroit où le Mississippi se scinde en trois bras principaux pour se perdre dans le golfe du Mexique, expliqua l’amiral. La passe Sud, la passe Sud-Ouest et la passe de la Loutre. La plupart des gros bateaux empruntent les deux premières.

— Griffin, depuis combien de temps la barge est-elle partie ? »

Pas de réponse.

« II a dû s’évanouir, fit Metcalf.

— Les secours sont en route. Griffin, vous m’entendez ? »

Toujours rien.

« Pourquoi amener cette barge vers la mer ? s’interrogea Brogan à haute voix.

— Je ne vois aucune raison valable », fit Sandecker.

Le téléphone intérieur sonna.

Le directeur du F.B.I. décrocha puis leva les yeux :

« Un appel pour vous, amiral. Urgent, paraît-il. Si vous préférez, vous pouvez le prendre dans le bureau d’à côté. »

Sandecker le remercia et sortit. La secrétaire d’Emmett lui indiqua un téléphone sur un bureau.

Il appuya sur la touche qui clignotait.

« Amiral Sandecker à l’appareil.

— Un instant, monsieur, répondit la voix familière de la standardiste de la N.U.M.A.

— Allô ?

— Sandecker. Je vous écoute. Qui êtes-vous ?

— Vous n’êtes pas facile à joindre, amiral. Si je n’avais pas dit que mon appel concernait Dirk Pitt, je n’aurais jamais pu vous avoir.

— Qui êtes-vous ? demanda à nouveau l’amiral.

— Je m’appelle Sal Casio. Je travaille avec Dirk sur l’affaire Bougainville. »

Une dizaine de minutes plus tard, Sandecker regagnait le bureau d’Emmett, livide, les épaules voûtées. Brogan sentit aussitôt qu’il se passait quelque chose de grave.

 « Qu’y a-t-il ? On dirait que vous venez de croiser un fantôme.

— La barge, répondit Sandecker d’une voix étrangement calme. Les Bougainville ont conclu un marché avec Moran. Ils se dirigent vers la haute mer pour la couler.

— Quoi !

— Loren Smith et Vince Margolin ont été condamnés à mort pour qu’Alan Moran puisse devenir Président. La barge sera leur tombeau. »

 

Panique à la Maison-Blanche
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